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Le burn-out

Dernière mise à jour : 31 oct. 2023

J'écris cet article un jour où j'ai papoté avec des élèves en arrêt de travail pour burn-out.


Le burn-out, c'est un sujet qui est devenu de société dans les sociétés les plus capitalistes. Mais pourquoi ? J'expliquais à mes élèves ce matin que j'ai fait un gros burn-out au tout début de ma carrière professionnelle, entre mes 22 ans et mes 25 ans. Mais qu'à cette époque là, on n'entendait pas parler de burn-out. C'est seulement plus tard, vers mes 26 ans, que ma mère m'a partagé un article qu'elle avait lu dans une revue. Elle trouvait que les symptômes de ce nouveau terme "Burn-out" correspondaient à ce que j'avais vécu. Et en effet, je m'y suis pleinement reconnu lorsque j'ai lu l'article.


Alors je me dis que cela peut-être intéressant que j'essaie de me souvenir des différentes étapes que j'ai parcouru à travers mon burn-out et que je vous partage cela avec le recul que j'ai aujourd'hui, 16 ans plus tard. Peut-être que cela parlera à certains lecteurs. 🙂 Et cela me fera certainement le plus grand bien aussi de refaire le point. 😆


À l'époque, dans les environs de l'année 2007, je n'étais pas professeur de yoga. Je n'en avais jamais fait, on en parlait très peu. Je terminais mon bachelier en techniques graphiques et j'avais été engagé dans un bureau d'études en section pharmacie. Je dessinais les plans et les modèles 3D pour la construction d'usines pharmaceutiques, surtout pour GSK. Parfois au bureau, parfois sur chantier. Je n'avais pas choisi cette place. Elle s'était présentée à moi. Et avec le recul, j'ai bien conscience aujourd'hui que mes études n'étaient pas un choix qui me correspondait. En vérité, j'aurais voulu être dans un métier d'expression : chanteur, danseur, musicien, peintre, théâtre,... mais je n'osais pas affirmer ces facettes de moi. Je n'étais pas vraiment entouré d'artistes à l'époque, j'avais très peur du jugement, j'étais conditionné à rester dans un cadre sécuritaire pour mes relations sociales, conditionné à faire semblant. Je jouais bien un peu de musique, j'ai osé prendre des cours de danse à la fin de mon adolescence, mais assumer mon envie d'en faire mon métier, aller jusqu'à exposer le résultat de mon expression à un public, cela me tétanisait. À côté de ces peurs, je voulais déjà changer le monde, changer les systèmes, changer les choses. Plus de paix, plus de respect, plus de nature, moins de violence, moins de capitalisme, plus de bien-être, plus de joie, et surtout, surtout, plus de SENS. J'étais en colère, très en colère, contre le système, contre les valeurs des sociétés capitalistes modernes, déjà avant d'entamer ma vie professionnelle. Et me voilà donc à 21 ans, avec ces peurs, ces frustrations et ces colères, qui arrive à Bruxelles, avenue Louise, dans un grand bureau d'études américain pour travailler en sous-traitance pour une des plus grandes sociétés pharmaceutiques au monde. Une place en or, une chance de dingue, ma bonne étoile habituelle avait encore bien fait son job. 🙂⭐️ Quand j'y repense, je me souviens que j'étais ravi à cette époque! Je n'étais pas du tout conscient des peurs, des frustrations et des colères que j'avais emmagasinées jusque là. Je me voyais terminer ma carrière dans cette entreprise, avec une belle médaille de 45 ans de carrière (la bonne blague, on le sait aujourd'hui, mais il faut bien je raconte...! 😄 ). Donc ma carrière démarre... et ça ne prend pas 1 an avant que je commence à ne pas me sentir à ma place, à être frustré, à me mettre en colère contre le fonctionnement de l'entreprise, au niveau graphique. 18 mois après mon engagement, je signale à mes patrons que je réfléchis à partir travailler dans une autre entreprise, dans le même domaine. Surpris, ils me demandent pourquoi et je leur explique que je trouve que ça devrait se passer autrement. Et là, petit coup de théâtre de la vie, ils me proposent un poste de cadre, et me proposent une super promotion au poste de responsable des techniques de dessins des 3 bureaux en Belgique. J'accepte rapidement et je suis ravi de pouvoir enfin faire bouger les choses. Je me souviens aussi avoir ressenti un grand soulagement d'avoir été entendu. Me voilà donc à un poste à responsabilités. Ça se passe bien, c'est complexe mais j'aime ça. En tout cas, au niveau dessin et au niveau des dessinateurs, j'essaie d'intégrer l'écoute, la démocratie, la valorisation et la bonne humeur qui sont importantes à mes yeux. Mais en quelques mois, je me suis heurté à d'autres niveaux de l'entreprise, en Belgique et en Amérique. Pour faire évoluer les choses à mon niveau, il fallait que ça suive aux niveaux au-dessus et ce n'étais pas le cas. Ma colère, ma frustration, ma sensation de manque de sens augmentaient de jour en jour. En ajoutant maintenant le stress du poste à responsabilité. Stress, stress, stress, colère, colère, colère, épuisement, fatigue chronique, puis ma mémoire a commencé à flancher, et c'en était fini, mes différents systèmes se sont enflammés, particulièrement ma digestion. Mais j'ai quand même continué, continué, il le fallait, je n'avais pas d'autres solutions (en fait si, j'en avais une infinité mais je n'en avais pas conscience 😅). Les médecins me proposaient des calmants, des anti-inflammatoires, et me disait que c'était dans ma tête, mais pas de certificat médical sans être malade à cette époque, et le concept de burn-out n'existait pas. J'étais entré en mode survie, plus rien d'autre ne comptait maintenant que de trouver des solutions pour sortir de ma situation de stress infernale et pouvoir continuer mon boulot. J'ai 23-24 ans à cette époque. J'ai cherché des solutions pour gérer mon stress. J'ai acheté un pack livre-cd à propos de la relaxation qui m'a permis de lâcher-prise à un premier niveau. Ensuite j'ai acheté les autres livres-cd de la même collection. D'abord à propos de la méditation. J'ai suivi avec le livret-cd à propos du yoga. Tout cela m'a beaucoup aidé à cette époque. Je précise ici que ces pistes m'ont particulièrement aidé parce que cela m'a parlé immédiatement, je me suis senti reconnecté à moi-même, à mon essentiel, mais c'est une accroche que j'ai particulièrement avec la spiritualité qui s'est révélée à cette époque et cela n'est pas le cas chez tout le monde. Ce que je veux partager, c'est que dans la pratique du yoga, j'ai trouvé du sens à ma vie, c'est ça qui est important et je pense que chacun doit retrouver avec quel domaine il a des affinités. À partir de là, en à peine 1 an, j'ai fini par lâcher-prise sur mon envie de changer les choses. J'ai abandonné une quête dans laquelle je m'étais toujours donné corps et âme : vouloir que les choses tournent comme je le trouvais juste, vouloir changer les choses comme je l'entendais. J'ai choisi l'autre solution : partir sans savoir où j'allais aller. J'ai demandé une rupture de contrat à l'amiable afin de conserver des droits au chômage et cela a été accepté. Une chance que ce genre de fin de contrat était encore légale a cette époque.


Je me retrouve donc à l'arrêt complet, pour au moins plusieurs mois. Je m'arrête, enfin. Et je peux faire le point sur ma vie, sur tout ce qui s'est passé. Je peux détricoter mes émotions, mes souvenirs. J'ai alors pris le temps de m'offrir plusieurs heures de pratiques spirituelles par jour, principalement des pratiques de yoga. Dans ces pratiques on retrouve dans l'ordre dans lesquelles je les ai abordées : la relaxation de Jacobson, le do-in (automassages), la méditation, les postures, les mantras. Chacune de ces méthodes m'a énormément aidé, m'a fait beaucoup de bien. Je précise bien ici pour ceux qui voudrait tester ces méthodes que pour ma part, j'ai pris soin de moi avec ces méthodes pendant plusieurs heures par jour, quotidiennement pendant 1 an au moins, ce qui fait des centaines d'heures. C'était nécessaire pour me soigner et revenir du burn-out. Je pense que c'est une erreur de penser qu'on peut gérer un burn-out avec 3 semaines de congé. Je suis convaincu que c'est un passage de vie à prendre très au sérieux et à gérer avec la plus grande sagesse et la plus grande douceur possible !


Ce que je retiens à propos du burn-out, c'est qu'après avoir quitté mon boulot à Bruxelles, après avoir lâcher-prise, j'ai progressivement compris que ma lutte était peine perdue. J'avais lutté pendant plusieurs années contre mes propres patrons, ceux qui acceptaient de me payer chaque mois en échange de faire ce qu'ils me demandaient. En vérité, mon contrat était bel et bien celui-là. Et ils avaient tout à fait le droit de décider de prendre en compte ou pas mes besoins, mes envies, mes ressentis. Je conscientisais qu'une entreprise capitaliste n'est pas une démocratie humaniste. Je conscientisais que je m'étais leurré, que j'avais manqué de discernement. J'avais juste accepté de m'engager dans un contrat qui prenait la main sur ma spontanéité, sur ma manière de faire car dans une entreprise capitaliste, il y a un boss qui décide de fonctionner d'une telle manière et c'est comme ça, les employés doivent suivre. Bien sûr, il y a des bons patrons d'entreprise qui ont des valeurs très humanistes. Bien sûr il y a des syndicats ou des règles gouvernementales qui protègent les travailleurs. D'ailleurs quand j'ai été engagé mon patron était un être humain aux grandes valeurs. Il était dans l'entreprise depuis 20 ans et il a été viré peu de temps après mon engagement car il ne réalisait pas d'assez bons chiffres. Et les patrons qui ont suivi étaient beaucoup + capitalistes. Une vérité selon moi que je refusais de voir et d'entendre, c'est que le choix de comment fonctionner en interne, cela dépend du choix des patrons, et puisque c'est lui qui me payait, ça aurait été logique que j'agisse comme ils me le demandaient, sans broncher. Je me souviens qu'ils me l'ont dit plusieurs fois à cette époque, mais je refusais de l'entendre. Je comprenais bien plus tard que je n'étais juste pas à ma place car ma liberté d'actes et d'expression me tenait trop à coeur. Si j'en avais été conscient à cette époque, j'aurais pu partir bien plus tôt, en paix. En fait, j'ai essayé mais je me suis laissé séduire par la proposition de promotion. 😅


Au final, une quinzaine d'années plus tard, j'essaie en écrivant ces lignes de vous dire si je suis retapé de mon burn-out ou pas. Et j'ai du mal à répondre à la question. 🤔 Ce qui me vient, c'est que je préfèrerais ne plus utiliser le terme burn-out, mais je voudrais plutôt utiliser le terme "transformation". Car c'est une transformation qui a commencé à cette époque, qui est toujours en cours. Une transformation brutale dans mon cas, quelque chose qui est venu de l'intérieur, un lot d'émotions et d'énergies difficiles à contenir qui ont flambé tout à coup très fort en moi il y a 15 ans. Au fur et à mesure des années, j'ai bien compris que toutes ces émotions, toutes ces énergies étaient jusque là réprimées, enfermées en moi, volontairement ou pas. Encore en écrivant ces lignes, je sens énormément d'énergie qui monte, énormément d'envie de liberté, de faire ce que je veux, que le monde soit juste, que je le monde soit beau. Il m'a fallu du temps, mais aujourd'hui je peux ressentir ces émotions sans qu'elles me brûlent, sans qu'elles me stressent. Au lieu de me brûler elles me font me sentir ultra vivant et plein d'espoir! Mais elles sont encore très fortes, très intenses, signe que je ne suis pas encore complètement aligné sur mes véritables valeurs et besoins dans ma vie. La vie m'a mené vers le yoga, la spiritualité et la médiumnité. Cela comble tout une part de ma manière de concevoir la vie, c'est certain. Le bien-être, l'expansion volontaire de conscience et d'énergie vitale au quotidien, la recherche constante de ce qui est juste et de la résonance juste dans les relations, chercher le sourire sur les visages que je vois. Tout cela, la place de prof de yoga me l'apporte. L'aide inconditionnelle à autrui dans la recherche de son bonheur et la résolution de ses problématiques, la médiumnité me l'apporte pleinement. Mais écrire cet article me rappelle que, parallèlement, l'expression artistique est encore à développer car à la base, c'est ça que je n'ai pas osé mettre en place dans mes choix de vie. Une étape à la fois. 😁


Si je devais faire une petite conclusion, je dirais qu'il y a quelque chose d'amusant et d'interpellant dans le choix du terme burn-out. On en parle comme un stress trop intense, comme trop de pression. On nous propose de nous reposer puis on y retourne... Mais je ne sais pas si vous serez d'accord avec ça mais il me semble que lorsque qu'on est pleinement en accord avec ce qu'on est en train de faire, on peut accomplir une somme de tâches parfois hallucinante sans que cela nous épuise, cela peut même être ressourçant d'agir, de créer intensément pendant des heures et des heures si on est pleinement dans nos valeurs. Donc, selon moi évidemment, ce n'est qu'un partage d'avis, ce seraient plutôt nos besoins de sens et d'épanouissement refoulés qui nous brûlent (BURN) car ils ne sont pas entendus et ne sortent pas (OUT). Ce n'est pas facile, mais je ne peux que conseiller à toute personne dans le cas d'un burn-out de prendre le temps d'évaluer si elle passe bien sa vie à faire ce qu'elle a réellement envie de faire.


J'en profite pour faire un appel du coeur. Vous avez compris que l'envie de changer les choses ne m'a mené nulle part à part dans le stress, mais par contre, je pense qu'il est important et salvateur pour sortir d'un burn-out et pour l'évolution du monde de ne plus rester dans des systèmes qui ne fonctionnent pas selon nos valeurs. C'est difficile, j'en suis conscient. Il faut du temps, mais je vous encourage de tout coeur à passer le cap si vous en ressentez la force et l'envie un jour. Une donnée qui peut aider dans un burn-out c'est de se rendre compte que c'est un phénomène de société et non un phénomène personnel. Si vous êtes en burn-out, n'oubliez pas que vous êtes loin d'être le seul et vous n'êtes absolument pas responsable ni coupable. Oui, la société capitaliste tourne d'une manière froide, sans coeur. Oui, c'est normal de ressentir ce que vous ressentez. Oui, en effet, le capitalisme tel qu'on le connait en Europe est complètement inhumain. Nous ne sommes pas des machines, nous sommes des âmes! Mais ce n'est pas une fatalité. Plus tôt chacun prendra la décision de s'épanouir et de ne plus participer à des systèmes hors de ses valeurs, moins ces systèmes auront de l'importance. Et qui sait, ces systèmes pourront peut-être un jour disparaître pour laisser la place à d'autres système plus proches du coeur. Progressivement, c'est certain, mais il faut bien commencer un jour. :-) Pour moi, une personne en burn-out, c'est une âme qui devient actrice du changement de valeurs de l'humanité, et si vous êtes dans le cas, vous pouvez dire merci à la vie, en être fier et l'assumer dans la joie!


N'oublions pas de répondre à la question du début de ce post : "Pourquoi le burn-out est-il devenu un sujet courant de société ?". Et bien selon moi, c'est parce que dans notre société européenne, nos besoins primaires sont comblés et notre esprit veut donc s'accomplir plus loin, dans notre épanouissement sur d'autres plans. Il suffit de combiner cela avec le développement intense du capitalisme ces dernières 50 années, le capitalisme étant à l'opposé des valeurs de l'épanouisssement de l'âme, et le tour est joué. ^^


J'espère que ce partage vous aidera à accepter et aimer votre flamme 🥰

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